01 février 2006

De l'art de tout gâcher en quelques mots.. (2)




When the night has come When the night has come
And the land is dark
And the moon is the only light we see
No, I won't be afraid
Oh, I won't be afraid
Just as long as you stand
Stand by me, so..

Cour et jardin. Je suis depuis trop longtemps sous pression. Sans rentrer dans trop de détails, cette reprise dont je parle plus haut, se passe de plus en plus mal, n'importe comment, avec des responsables du côté de la société absorbante qui, pour montrer à la direction que « les choses avancent » font tout et n'importe quoi ! Deux processus cruciaux, celui de la reprise des activités et celui de la gestion de la transition (qui est particulièrement délicat) sont tout-à-fait sous-estimés, voire complètement ignorés, et remplacés par une politique du coup par coup et du fait accompli qui détruisent la qualité, mécontentent la clientèle, et poussent les meilleurs éléments de la société à partir ailleurs. De mon côté, n'ayant pas la main sur l'implémentation des activités dans la nouvelle structure, je ne peux que tenter de mettre en place des contrôles de qualité qui, s'ils n'empêchent pas les erreurs et les loupés, permettent du moins de les constater rapidement en comparant les résultats avec « l'ancien système » (par ailleurs bien plus moderne, homogène et intégré que le « nouveau système » fait de bric et de broc).

Le soir, en rentrant chez moi, j'ai l'impression de pénétrer dans un restaurant : lumières tamisées, petit dîner aux chandelles, etc. .. Je suis accueillie avec chaleur par mon amant qui me parle de sa journée (il a réalisé un gros contrat sur lequel il planche depuis longtemps), me demande des nouvelles de la mienne, tandis que je garde une mine assombrie et que je réponds par monosyllabes. Dans ma tête, ça tourne, ça tourne, et ça re-tourne....

Pitié, mon amour, pitié ! j'ai besoin d'un « sas de décompression »
avant de redevenir celle que tu connais, celle dont les yeux brillent en te regardant, qui admire ton intelligence et ta personnalité, se réjouit de tes traits d'esprits, rit aux larmes de tes facéties, celle qui, de plus en plus amoureuse, sera toute à toi d'ici la fin de la soirée.. Mais j'ai besoin d'un peu de temps, tu comprends. Laisse-moi le temps de « me retrouver », s'il-te plaît.

Mais ces mots-là ne viennent pas, refusent de sortir, restent bloqués au fond de ma gorge, tandis que je rumine encore ma journée.

- lui: « Tu as des problèmes ? »
- moi: « hon ! » (un peu je veux, que j'ai des problèmes )
- lui : « Tu veux qu'on en parle ? »

Non, je ne veux pas qu'on en parle, je veux être seule un moment! Déjà que pour expliquer le moindre de mes problèmes, il me faudrait éclaircir le contexte, me lancer dans des explications à ne plus finir, sans être sûre d'être comprise, etc. .. Non, je veux qu'on me foute la paix une heure durant, est-ce trop demander ! Me laisser le temps de « me retrouver » !

Mais les questions se suivent, je me sens acculée, entre deux borborygmes, je laisse échapper un malheureux « fous-moi la paix ! » ( Déesse du Ciel ! ...on croirait entendre mon père !)

Catastrophe ! Pas de fonction « undo » : inutile de songer à ravaler au fond de la gorge ces mots blessants. De là d'où ils sont sortis ! Trop tard ! ...Et Non, ce n'est pas ce que je voulais dire, non, mes onomatopées n'étaient pas dirigées contre-toi, non, je ne désapprouve pas le fait que tu aies transformé mon salon en restaurant quatre étoiles, non, je ne te rabroue pas ! Si je râle, c'est sur moi-même ! Si je ..

Stand by me !.. Mais ces mots ne sortent pas : ils restent à tourner dans ma tête. A leur place, je me contente de regarder mon amant sans rien dire, attérée, malheureuse. Sans oser un mot, un geste, tandis qu'il se rhabille et sort. Un moment plus tard, j'entends le bruissement feutré de la Z4 qui s'en va. C'est fini. Je suis seule, face à un festin de roi, auquel je serais bien incapable de toucher.

Je file immédiatement me coucher, seule, triste et misérable.
Sans même bien comprendre pourquoi, ni comment j'ai tout gâché !

18 commentaires:

Anonyme a dit…

" Non, je veux qu'on me foute la paix une heure durant, est-ce trop demander ! Me laisser le temps de « me retrouver » !
" je laisse échapper un « fous-moi la paix !

Faut voir la manière : dit d'une voix rauque, aggressive, ce sont des mots blessants. La personne qui les reçoit se sent exclue de la relation. Dur à vivre, pour un amant qui s'est investi dans celle-ci, qui a peut-être pris congé pour vous faire une surprise, qui vient vers vous, et qui, sans comprendre pourquoi, se sent rejeté de votre univers.
On peut comprendre qu'il soit parti pour ne plus revenir.

Élisa Naibed a dit…

> Faut voir la manière

Je sais, c'est bien le problème.. C'est bien simple, je n'en ai pas dormi de la nuit. Une ronde épouvantable des "si": si au moins j'avais ajouté "un peu", "un moment". Je me disais: si au moins j'avais dit "fous-moi la paix un moment", ça aurait été moins rude. Ou encore "laisse-moi tranquille un moment, laisse-moi un peu de temps à moi pour récupérer", ça devenait presque acceptable. Je me disais encore : si je pouvais remonter le temps !! Etc. etc. ..

> dit d'une voix rauque, aggressive,

Je ne sais pas. C'est possible qu'il (que tu ?) l'ait ressenti ainsi.. Et je lui en demande sincèrement pardon. Mais si agressivité il y avait, c'était par rapport à la situation dont je souffrais (et souffre encore), et aucunement une agressivité dirigée contre Lui.

> On peut comprendre qu'il soit parti pour ne plus revenir.

Déesses du Ciel..! J'espère bien que non !

Anonyme a dit…

" aucunement une agressivité dirigée contre Lui.
:) C'était voulu, ce "L" majuscule ?

" Déesses du Ciel..! J'espère bien que non !

Vous y tenez-donc ? ..vous l'aimez ?

Élisa Naibed a dit…

Oui. (réponse aux deux questions)

Anonyme a dit…

Pourtant pour elle j'ai pas l'impression d'exister..
Mais tout ceci ne m'empêche pas de penser

Élisa Naibed a dit…

Whaou.. ! Alors, mon vieux, si tu penses que cette fille là, elle est terrible, ne la fait pas trop attendre.. Téléphone-lui, et va la voir sans tarder ! Elle t'attend !
(et tu peux garer "ta vieille citron" devant la belle maison) :-)

Anonyme a dit…

Ma vieille citron !!

Toi, tu ne perds rien pour attendre !!!

Anonyme a dit…

Naibed a dit…
"Oui. (réponse aux deux questions)"

Il y avait trois questions, non ?

Un utilisateur anonyme a dit…
"Pourtant pour elle j'ai pas l'impression d'exister..
Mais tout ceci ne m'empêche pas de penser "

Allo ? c'est toi, Johnny ? :)

Anonyme a dit…

Hihi ! Les choses s'arrangent plutôt vite, il me semble ! Ah lala, ces amoureux qui se font leur grande scène, mais qui ne peuvent rester bien longtemps éloignés l'un de l'autre. :)

Sinon, on trouve ici une parfaite illustration du mécanisme de la grotte dans le livre de John Gray "Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus".

Sauf que John Gray, en bon américain stéréotypé, ne pouvait sans doute pas imaginer que la femme aussi pouvait "s'enfermer dans sa grotte" pour y ruminer ses problèmes à l'aise, et sans aide extérieure. Comme ingénieure informaticienne, Naibed a dû vivre longtemps dans un milieu quasi masculin : elle y a pris de vilaines habitudes ! Lol !!

Comme quoi, c'est le contexte culturel et social, bien plus que le genre, qui conditionne nos modes de comportements soit-disant "masculins" ou "féminins".

Élisa Naibed a dit…

à Daniel : Oui, oui, il y avait bien trois questions. Et j'ai répondu oui aux deux premières..

Règle n°1 : ne jamais avouer à un garçon qu'on l'aime (vous voyez: ..je connais mes classiques ;-)
)

Fred a dit…

Ca me rappelle bien des scènes avec mon amie, et bien des frustrations. Il faut qu'il comprenne que tu ne peux pas être disponible 100% du temps et sans doute que tu puisses l'avertir d'une manière ou d'une autre qu'il doit te laisser respirer un peu. Ca vient avec le temps. Ca a aussi des avantages de continuer à être ensemble après des années!

Élisa Naibed a dit…

Lambda : Il faut qu'il comprenne que tu ne peux pas être disponible 100% du temps et sans doute que tu puisses l'avertir d'une manière ou d'une autre qu'il doit te laisser respirer un peu.

C'est effectivement très vrai. Même si je suis une executive women dont le pouvoir est (fortement) sur le déclin, je tiens à finir en beauté, ..affaire de fierté personnelle. Surtout quand je vois cette meute de blancs becs quadragénaires fats, pompeux, ..et surtout incompétents roder comme des hyènes autour de la quinquagénaire pour se disputer les restes (expression imagée, ..bien sûr !:-)) de son héritage.
Mon jeune amant voit les choses différemment ! A trente cinq ans, il est devenu un des gestionnaires de fonds patrimoniaux les plus talentueux du marché, et il ne rêve que d'une chose : que je soie à sa merci !;-). Bon, j'exagère un peu. Mais il ne lui déplairait pas, je crois, de pouvoir clamer ubi et orbi qu'il subvient à mes besoins (un cliché pré-féministe que sa *alope de mère lui a sournoisement refilé lors de sa petite enfance: un homme n'est véritablement un homme qu'à partir du moment où il est capable d'entretenir sa compagne). D'où le fait qu'il se sente, en quelque sorte, en compétition avec moi. Et ma prépension serait une façon de mettre un terme à cette compétition ..qui n'existe que dans sa tête !

Lambda : Ca vient avec le temps.

Malgré la grande différence d'âge (j'ai dix-huit ans de plus que lui, ..pardon, que "Lui." ;-) ) il est parfois pris d'une peur panique que je cesse de l'aimer, que je mette fin à notre aventure amoureuse.. (que l'inverse puisse arriver ne l'inquiète pas, ..par contre :-( ) et il ne supporte absolument pas de se sentir, quelque part, «en dehors» de ma sphère personnelle.

Une des choses qui m'inquiètent, c'est la charge sexuelle que représente dans son imaginaire le fait que je soie une patronne toute puissante, une femme ingénieur qui règne sur un parc de mainframes, une actuaire qui gère des équipes de développements, etc. .. Une charge sexuelle qui disparaîtra bientôt, pour ne laisser qu'une femme nue, et (même si je fais beaucoup moins que mon âge) à l'aube de la dernière tranche de sa vie..
Et je n'ai pas envie de devenir une vieille châtelaine avec un jeune amant. C'est une des choses qui fait que je me demande si je ne vais pas transformer mon prieuré en restaurant de luxe, ou en centre de formation pour cadres, histoire de rester, quelque part, « la patronne » qu'il a toujours connue.

Fred a dit…

Je pense qu'il serait intéressant de connaitre ce que chacun attend de l'autre pour ces prochaines années. Est-ce si important que cela pour ton jeune amant que tu gardes un rôle social fort par exemple. Il y a bien d'autres facettes à aimer et découvrir chez une personne mais est-il sensible à ça? Il faut s'ouvrir de manière la plus honnête possible à l'autre, ce qui n'est jamais trés facile. Vous avez sûrement d'autres domaines et d'autres sphères dans lesquelles vous pouvez évoluer et partager des choses tous les deux.

Élisa Naibed a dit…

Ce qui est amusant, c'est que ..ce n'est que maintenant que je réalise pleinement que nous commençons à former un "couple" (enfin, pas tout-à-fait quand même). C'est une chose je n'aurais jamais imaginé, lors de notre première rencontre (que j'ai décrite de façon (très) imagée dans mon Conte de Noël tardif et pas ordinaire :-)

Alors, bien qu'assez débutante dans les relations de couple (Bah ! on peut commencer à tout âge ! :-)) je dirais que: Oui, bien sûr, une relation se construit sur un dialogue aussi franc et ouvert que possible, et les voies de celui-ci ne sont sans doute jamais évidentes. Et j'ai bien l'intention, maintenant qu'il semble que nous soyions ensemble pour un bout de temps, de tout faire pour approfondir ce dialogue. Mais en tenant aussi compte du fait qu'une relation de couple ne doit pas primer la relation que l'on doit garder avec soi-même.

D'abord parce que le couple n'est pas nécessairement "pour la vie". Ainsi, par exemple, la différence d'âge ne se marque pas actuellement (il arrive même qu'on pense que je suis plus jeune que lui), mais je vais sans doute vieillir plus rapidement que lui. Qu'en sera-t'il dans quelques années.. Ensuite, je pense qu'on doit toujours d'abord se poser les questions en fonction de soi-même, avant de se les poser en tant que "élément d'un couple". AMA, si les individus qui composent celui-ci se sentent d'abord bien en tant qu'individus, la santé du couple s'en trouvera renforcée d'autant. Il faut donc essayer d'harmoniser les deux facettes: la facette couple (ou "relation de couple"), mais aussi la facette individu (ma personnalité en tant qu'individu, que je soie en couple ou pas)

Merci donc de votre intervention, qui m'a amenée à réfléchir un peu plus à tout ça. Ce qui m'amène à reconsidérer la question de conserver (ou non) un "rôle social fort", son étendue, ses modalités... sous un autre angle. Finalement, je pense que c'est avant tout une question que je dois d'abord régler avec moi-même, ..et pour moi-même.

Anonyme a dit…

Anonyme a dit

Pourtant pour elle j'ai pas l'impression d'exister..
Mais tout ceci ne m'empêche pas de penser


Cette fille-là, mon vieux, elle est terrible ! ;)

Gallycyborg a dit…

Bonjour Naibed

Avant toute chose, je te félicite pour ton blog que je viens de découvrir il y a 2 jours, et que je prend un grand plaisir à lire :)

Pour tes inquiétudes au sujet de ton statut de femme active : crois-tu réellement que ta personne se résume à ton statut social ? La lecture de ton blog m'a fait découvrir une personne intelligente, pleine de convictions, avec les yeux ouverts sur les réalités de ce monde, une femme vivante, affirmée, indépendante avec une personnalité bien marquée, et c'est le plus important.

Mon amie présente sensiblement le même type de crainte que toi, cette crainte de ne pas être aimé pour ce que l'on est, de ne pas être comprise, et je te rejoins donc sur ton analyse :
i[je pense que c'est avant tout une question que je dois d'abord régler avec moi-même, ..et pour moi-même.]i
et t'affirme, du haut de ma trentaine d'années, que les hommes (certains du moins, et je pense que ton amant rentre dans la catégorie, vu ses posts) ne s'arrêtent pas à des analyses aussi superficielles lorsqu'ils aiment une femme d'exception : nous savons quand même reconnaitre une perle quand nous en croisons une ;)


Merci encore pour ton blog, qui me rassure sur le fait de ne pas être le seul à ne rien comprendre à la lâcheté de l'Europe et à la folie des islamo-gauchistes et autres dhimmis-utiles, et dont les analyses pertinentes me donnent de nouvelles voies de réflexion à creuser :)

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@ Anonyme :
i[Pourtant pour elle j'ai pas l'impression d'exister..]i
A la lecture de ce billet, le penses-tu toujours ? ;)

Élisa Naibed a dit…

Merci pour votre gentil commentaire. Deux petites précisions :

« tes inquiétudes au sujet ton statut de femme active »

Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis que ce billet a été écrit ! Entretemps, la situation a complètement évolué, le rapport de forces tourné à mon avantage et ceux qui voulaient "me débarquer" s'en sont bien mordus les doigts: j'ai recouvré toutes mes prérogatives. Pire, je suis peut-être aujourd'hui devenue plus puissante que je ne l'étais au moment où ils ont essayé de m'écarter. :)

« le même type de crainte que toi, cette crainte de ne pas être aimé pour ce que l'on est, de ne pas être comprise »

Si vous relisez attentivement ce billet, vous verrez que c'est plutôt mon amant qui avait ce type de crainte (c'est ce qui a motivé son départ). Moi, je craignais surtout de le perdre, suite à mes réactions de mufle en jupons ! (je ne voulais pas parler de mes problèmes de bureau, et je voulais du temps pour, en quelque sorte, passer du « coté cour » au « côté jardin»).

Ce qui est important pour moi, c'est que ça m'a permis de me rendre compte à quel point je suis devenue dépendante affectivement d'un amour qui ne devait, au départ, n'être qu'une amourette de passage (lire mon "Conte de Noël"). Bref ! à quel point je suis devenue ... - osons le mot : amoureuse !

Gallycyborg a dit…

Bonjour Naibed

>>Merci pour votre gentil commentaire.>>
De rien, je n'exprimais que mon opinion sincère :)

>>Beaucoup d'eau a coulé sous les ponts depuis que ce billet a été écrit !>>
Félicitations et tant mieux :D J'ai déjà connu ce genre de situation, et rien n'est plus insupportables que de se faire prendre de haut par des médiocres !

>>Si vous relisez attentivement ce billet, vous verrez que c'est plutôt mon amant qui avait ce type de crainte [...] (lire mon "Conte de Noël"). Bref ! à quel point je suis devenue ... - osons le mot : amoureuse ! >>
Il m'avait semblé l'inverse à la lecture d'un de vos commentaires (>>Une des choses qui m'inquiètent, c'est la charge sexuelle que représente dans son imaginaire le fait que je soie une patronne toute puissante...>>), mais vous me voyez désolé que votre histoire ce soit terminée sur un malentendu :(. Lorsqu'on a la chance de le rencontrer, l'amour est un si beau sentiment qu'on aimerait qu'il dure éternellement :)
NB : j'avais lu le conte de Noël, j'ai adoré :D

Sinon, il y aurait-il moyen de vous joindre directement par mail s'il vous plait ? La lecture de votre blog me passionne, mais j'aurais volontiers discuté d'un point ou deux avec vous, essentiellement au sujet du judaïsme, où vous me semblez (peut être à tord) ne pas bien interpréter certains principes (la loi du talion par ex.). Je parlerais également avec plaisir de ce problème de l'Islam, puisqu'il m'arrive régulièrement de les affronter sur certains forums, que mon analyse rejoint largement la votre, mais que je serais curieux de savoir à quelles sources vous avez tiré votre connaissance, afin de les découvrir également :)
Si cela ne vous dérange pas, mon mail est mon pseudo @gmail.com :)

Cordialement