Le 8 mars pour le gouvernement, se résume à ... plus pour l'avortement
J'avais commencé un commentaire sur son blog, mais, étant quelque peu prolixe, j'ai rapidement dépassé les 4.096 caractères autorisés ! :-)
Par ailleurs, je lui ai sournoisement subtilisé la photo de mise en page de son blog, que j'ai surnommée « Elisseievna Fifi-brin-d'acier ». Qu'elle veille bien me le pardonner, et n'y voir qu'un clin d'oeil, doublé d'un hommage appuyé à son endroit. Sans doute l'âge n'épargne personne, même pas la vaillante féministe (qu'elle s'appelle Naibed ou Elisseievna, d'ailleurs), et Éli n'a peut-être plus vraiment l'âge de jouer les Fifi-brin-d'acier, mais il me plait, à moi, de l'imaginer comme ça, n'en déplaise à Saturne !
Et puis... Fourt à Saturne !!
Réponse à Éli : difficile débat que celui sur les droits des femmes et l'avortement !
Récemment, j'ai presque provoqué un tollé en illustrant ce thème, lors d’une journée consacrée au féminisme. J'avais en effet commencé mon exposé en rappelant qu'en la matière, le droit des femmes, c'est *aussi* le droit de ne *pas* avorter si elles ne le souhaitent pas ! Stupéfaction dans la salle, où certaines "féministes" n'en croyaient pas leurs oreilles. Pourtant ce droit incontestable non seulement importe, lui aussi, mais il est régulièrement enfreint : des femmes sont poussées à avorter, subissent une pression terrible de leur compagnon ou de leur entourage, sans que beaucoup de féministes ne s'en soucient. Si, malgré tout, elles décident de garder l’enfant, elles manquent souvent de support, qu’il soit psychologique, social ou financier. J’avais ensuite embrayé sur votre sujet, en ajoutant que ce manque de support frappait particulièrement les femmes qui travaillent, mais aussi les entreprises, et que le pendant du droit des femmes à un salaire égal pour un travail égal impliquait, pour les entreprises, un droit d’être soutenues, elles aussi pendant cette période. Et que la société dans son ensemble devait réfléchir à un soutien financier, mais aussi soutien organisationnel pendant cette période, pour assurer au mieux tant la transition pendant l’absence de la jeune mère, que sa réinsertion au mieux pour elle mais aussi pour l’entreprise, à la fin de son repos d’accouchement. Sans oublier, bien sûr de favoriser les crèches d’entreprises (qui sont une partie, mais pas la totalité, de la solution). Bien entendu, nos "féministes", sans doute vaguement culpabilisées, se sont empressées de s’emparer de ce dernier point en édulcorant tout le reste….
En ce qui concerne nombre de féministes de gauche, nul doute n’est plus permis aujourd’hui : leur combat était d’abord un combat gramscien, une lutte fantasmée de tous les groupes opprimés autoproclamés (enfants, femmes, homosexuels, noirs, sans-papiers, immigrés, musulmans….) contre la culture d’un groupe que nos gauchistes décrètent « dominant », même si ils et elles se gardent d’expliciter d’avantage, mais dont on comprend, après élimination de toutes les autres possibilités, qu’il s’agit du groupe des hommes blancs, occidentaux, hétérosexuels, et d’origine judéo-chrétienne. La bévue de Miss Gros Bourrin d’Areva, Miss "autre-chose-que-le-mâle-blanc", aura au moins eu le mérite de désigner clairement et sans fard, la cible de toutes ces attaques racistes gramsciennes.
Nous savions déjà, vous et moi, Éli, que nombre de « féministes » ont toujours confondu féminisme et guerre des sexes ! Mais nous savons maintenant *qui* plus précisément est visé par cette guerre des sexes. Et ce n’est ni – par exemple - le président noir qui plastronne au milieu de ses épouses (dont une s’est d’ailleurs suicidée), ni le barbu musulman qui bâche sa femme et la bat (voire la lapide) à l’occasion. Tout ça, ce n’est pas grave : c’est culturel et d’ailleurs, s’ils font ça, c’est parce qu’ils sont « opprimés » !
Ce qui ramène à un autre point que j’ai souvent développé par le passé : la nécessité pour le féminisme de ne pas seulement défendre le droit des femmes à l’égalité, mais aussi celui des hommes, lorsqu’il est bafoué (notamment en matière de divorce). Non seulement pour une question d’équité et de logique (si le féminisme défend l’égalité des sexes, il doit le faire de façon cohérente et non partisane), mais aussi pour couper l’herbe sous les pieds du masculinisme, ce suce-roue, cet ersatz de féminisme. Las, non seulement je n’ai jamais été écoutée, mais je me suis fait virer (des CDG notamment) comme une malpropre !
Aujourd’hui, non seulement le féminisme, en tant que mouvement humaniste, a perdu toute crédibilité auprès de beaucoup pour s’assimiler exclusivement à un lobby pro-femmes (légitimant, du même coup le masculinisme, comme seul mouvement à défendre les hommes), mais il se révèle aujourd’hui que même cette définition réductrice n’était pas vraie pour nombre de femmes de gauche, qui l’ont toujours considéré comme un simple accessoire de la « lutte des classes », un accesoire que l’on pouvait tout simplement remiser au rayon des articles démodés lorsqu’on n’en a plus besoin, ou que cela risque de gêner d’autres « groupes z’opprimés ».
Je crains qu'il ne me reste plus qu'à entamer ma complainte, à la manière de Rutebeuf !
Que sont mes amies féministes devenues
Que j'avais de si près tenues,
Et tant aimées ?
Je crois qu'elles sont trop clairsemées
Elles ne furent pas bien semées
Elles m'ont failli.
De telles amies m'ont bien trahie
Lorsque Allah m'a assailli
De tous côtés.
N'en vit une seule en mon logis
Le vent je crois, me les a prises,
L' amour est morte.
Ce sont amies que vent emporte,
Et celui qui ventait devant ma porte
Les emporta...
6 commentaires:
bonjour Naibed,
avé Fifi,
des Mozart assassinées je ne sais pas c'est tout de meme l'exception, mais des Fifi réprimées je suis sure qu'il y en a beaucoup,
voilà pourquoi elle est mon emblême,
je suis d'accord avec toi dans les grandes lignes : il me parait évident qu'au fond bien des féministes n'en ont rien à faire des femmes en comparaison de la révolution et puis aussi finalement, des petits copains qui leur permettent d'avoir un poste quelconque en tant que feministes,
quant aux autres, les "immatérielles", celles qui se font passer pour si queer et si théoriquement fortes qu'elles nous proposent comme seule solution ... de ne plus être des femmes en cloques, c'est à dire, solution éminemment brillante : de supprimer le probleme (!), je les trouve plutot défaillantes, ou peut etre plus interressees par des élucrubations qui leur permettent de se faire passer pour brillantes par d'autres petits copains, que par les réels problemes des femmes, ( et des hommes sinceres qui soutiennent les femmes ..),
bref, non des feministes, je n'en vois pas beaucoup en fait !!!
Pour le divorce, je ne vois pas les choses exactement comme toi, mais je suis d'accord : contre les injustices qu'elles visent les femmes ou les hommes.
à plus !!
elisseievna
L'idée des "Mozart assassinés" est une absurdité, un pur fantasme. On ne naît pas génial, on le devient par interaction avec son environnement, par acquisition de connaissances et par développement de ses potentialités. Et si un couple n'a que quatre enfants alors qu'il aurait pu en avoir huit, est-ce que cela signifie qu'on n'a pas laissé leur chance à ce qui aurait peut-être pu devenir quatre Mozart? Où est la limite ? Il faut arrêter le délire !
Le droit de ne pas avorter et le droit d'avorter me semblent indissociables.
Les militants anti-IVG ne sont pas du tout des gens fréquentables. Un de ces jours, je publierai quelque chose là-dessus.
Bonjour Marcoroz,
Si vous relisez bien Éli, avec un peu de distance (celle du second degré, p.e.), vous constaterez que son point, ce ne sont pas les Mozart assassinés, mais les Fifi-brin-d'acier réprimées. Et il y en a eu effectivement beaucoup. Pour l'anecdote, j'ai dû m'opposer à ma propre mère (féministe !) s'était mise en tête que je serais sociologue ou une c**rie du genre (alors que ce que je voulais, c'était faire du X ...heu ! Je voulais dire : faire polytechnique). Elle n'a appris la vérité qu'après mes candidatures, lorsque j'étais déjà en première année d'ingénieur civil. Mon père, lui-même ingénieur civil, trouvait curieux tous ces bouquins de math sup' , de résistance des matériaux, de chimie organique, de physique nucléaire, etc. ..dans une chambre de « sociologue », mais il n'en avait soufflé mot à ma mère. Pour faire ce que je voulais, j'ai donc préféré mentir à ma mère au lieu d'imposer d'emblée mes choix (mais ensuite, pour bien enfoncer le clou, je suis sortie première de ma promotion, avec la plus grande dis'). Puis j'ai fait une maîtrise en science actuarielles. Je suis donc aussi actuaire.
Mais toujours pas sociologue... :-)
Pour en venir au débat sur l'inné et l'acquis, c'est un débat difficile, où les interactions entre gènes et environnement sont nombreuses, complexes, et peuvent se produire dans les deux sens. Donc, ni le « tout environnemental» qui a couru depuis l'après-guerre jusqu'à la fin des années '70 , ni le « tout-génétique » dans lequel on verse parfois aujourd'hui. Donc, sans verser dans l'innéïsme, et surtout à propos de quelque chose d'aussi mal connu et aussi peu maîtrisable que l'émergence du génie, disons que Mozart ne serait probablement pas non plus Mozart, s'il n'avait pas *aussi* été, pour une part, un "petit bout de couille" de Mozart père, tout pédagogue que ce dernier fut. Remarquez que Éli se montre plus prudente que vous, puisqu'elle avoue : « je ne sais pas c'est tout de même l'exception ».
Enfin, je suppose que vous aurez noté que ni Éli ni moi n'abordons la problématique, comme le font souvent les mecs, sous un angle binaire. L'avortement – dans des limites raisonnables – est un droit nécessaire. Mais, pour avoir moi-même avorté, je sais que toujours un échec (même s'il ne faut pas en exagérer l'impact). Pour avoir moi-même donné la vie, je sais que c'est une chose formidable (même si « le produit » de cet acte nous le fait parfois amèrement regretter par la suite). Enfin, vous seriez fort naïf de croire qu'il n'y a que des anti-IVG infréquentables ! Je connais aussi beaucoup de pro-IVG qui ne le sont pas moins que ce soit par nihilisme idéologique (1), par haine de la famille, par souci de nier la dimension de reproductrice et de mère de la femme, ou encore, pour esquiver les problèmes d'une société elle-même devenue hédoniste, hyper-consumériste et nihiliste, et où femmes qui ont ou veulent des enfants ne trouvent pas leur juste place, pleine et entière. Une question souvent évacuée par nombre de « féministes » de gauche...
(1) un exemple nous étant donné par la « féministe » bourge anti-bourges prototype du bobo, , Simone de Beauvoir quand elle assène un « on ne nait pas femme, on le devient » sans nuance (Ben tiens ? Et pourquoi pas choisir écureuil de Corée ou crotale du Texas, tant qu'on y est ?). Il ne s'agit pas seulement chez elle de réagir contre les excès de l'essentialisme, mais de s'embarquer dans un existentialisme nihiliste tout aussi grotesque et excessif que l'essentialisme qu'il prétendait combattre, et dont il est une sorte de frère-jumeau ennemi.
Addenda (pour bien enfoncer le clou)
La réalité est donc moins simplette que ne l'énonçait notre bas-bleu: « on nait femme (pour une part) et, par la suite, on le devient (encore un peu plus ou un peu moins, selon le tempérament des individus et les circonstances) »
Blaise Pascal avait pourtant déjà remarquablement synthétisé – avant même qu'il n'ait eu lieu - le débat essentialisme versus existentialisme : « L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête. » Simone-la-bavette (c'était une incorrigible bavarde) n'avait pas lu (ou compris ?) Pascal ?
Un débat inédit entre deux personnes sincères, Oskar Freysinger et Christine Tasin, sur la question de l'avortement, alors que dans bien d'autres domaines (comme la lutte contre l'islamisation), ce sont des alliés qui ont beaucoup de choses en commun. L'un et l'autre versent donc parfois ici dans les clichés, ce qui parait inévitable.
Je reprocherais à Christine de verser parfois dans le procès d'intention et la caricature. Ainsi, tout au début, Oskar précise qu'il est opposé en tout cas à «l'automatisme que l'on a instauré en ce qui concerne l'avortement», et s'alarme du nombre important d'avortements en France, et de ses impacts, il cherche à aborder le débat sous un angle pragmatique et quantitatif.
A la place de Christine, j'aurais donc commencé par lui demander de préciser concrètement ce qu'il entendait par là, au lieu de caricaturer les positions de mon contradicteur et de l'accuser de totalitarisme. Résultat, elle ramène le débat sur le strict plan des principes qualitatif, celui du qualitatif. C'est un peu dommage, parce que ça aurait peut-être débouché sur un tout autre débat, plus axé, pour une fois sur l'aspect quantitatif (je suis femme, j'ai eu recours à l'avortement, mais je suis aussi ingénieur et docteur en sciences actuarielles :)) !
Ainsi, elle évacue l'argument d'un revers de manche en affirmant que «la réalité est qu'il y a plus de 200.000 personnes qui avortent [en France], elles existaient avant la loi Veil…» Ah bon ??? Comment peut-elle en être si sûre ? Je suis prête à parier, au contraire, qu’elles étaient bien moins nombreuses, de l’ordre du quart voire …du cinquième !!! Mais ce qui interpelle surtout, c’est que ce nombre d’avortements reste, depuis des années aux alentours de ce chiffre, preuve que le planning familial ne fait pas son boulot de prévention : si l’avortement doit être une réponse (dans certaines limites !) à la détresse de certaines femmes, il ne peut pas devenir un moyen de contraception supplémentaire, comme il l’est devenu aujourd’hui pour certaines insouciantes !!!
Bref, cela aurait pu conduire à un débat beaucoup plus technique, beaucoup plus difficile, mais aussi beaucoup plus intéressant que cette n-ième mouture un peu "bateau" des principaux arguments pro et contra. Ceci dit, au delà des arguments « bateau », ce débat est néanmoins digne d’intérêt, car révélateur des conceptions politiques très différentes des deux interlocuteurs...
NB: je rappelle, par la même occasion,deux autres billets où j'évoque la question de l'avortement : Fille de fille-mère et Un véritable féministe
Enregistrer un commentaire