12 mai 2006

Différence d'âge: et quand c'est l'inverse ? (2)




J'espère que la petite histoire précédente vous aura amusés.



Bien sûr, ça n'arrive pas tous les jours qu'un homme de 33 ans épouse une femme de ..104 ans. Et même si on peut imaginer que c'est la communion religieuse des esprits qui fonde leur bonheur, avouons que ce genre de cas ne court pas les rues :-)

Cependant, et sans aller jusque-là, il arrive plus souvent qu'on ne le croit qu'un homme soit attiré sexuellement par une femme plus mûre. Bien sûr, si vous lisez ce blog, vous savez que mon amant le plus jeune a dix-huit ans de moins que moi.

Ce n'est pourtant pas encore une si grande différence.
J'ai connu le cas d'un homme marié (en fait: en instance de divorce), qui, à la quarantaine, est tombé fou amoureux d'une femme qui avait ..le double de son âge ! Et ce n'était pas ici la communion intellectuelle ou spirituelle, ou en tout cas, pas uniquement, qui était le moteur principal de l'attraction : il a tout fait pour entreprendre sa conquête, et l'amener dans son lit. Il faut dire que la dame, veuve d'un ancien colonial, est une grande blonde superbe, très mince, avec une splendide poitrine, et qui dégage une classe folle ! Une de ces femmes exceptionnelles, sur lesquelles le temps ne semble pas avoir prise, et qui dégagent un charisme quasi magnétique et une aura particulière, partout où elles passent.

Pourtant, lorsque un tel cas se présente, c'est bien moins facilement admis par l'entourage que l'inverse..
Pourquoi ? Entre autres parce que beaucoup d'hommes peinent encore à s'affranchir de cet univers mental pré-féministe, où les mères sont encore des sortes d'icônes placées sur des piedestaux. C'est tout juste d'ailleurs si certains admettent que leur mère, la procréation passée, puissent encore s'amuser pour son propre compte. Bien sûr, égalité des droits oblige, ils n'oseraient p as remettre en cause la liberté de leur propre mère si celle-ci en fait usage, ..mais de grâce: surtout qu'elle soit discrète, et qu'elle n'en parle pas !
Alors, imaginez ! si les grand-mères, voire les arrières grand-mères se mettaient à découcher, au lieu de faire de bons petits pots de confiture pour leurs petits-enfants et arrières petits-enfants..


Il y a environ deux ans sortait un beau petit film réalisé par un belge, je crois, et qui parlait des amours un peu tumultueuses d'une femme respectable qui, à la ménopause, se mettait subitement à porter des minijupes et à filer le guilledou avec des motards du coin.
Un film simple, intimiste et pas vulgaire pour un sou, même si certaines scènes qui montraient l'appétit sexuel devenu bouillonnant de la dame était un peu.. Enfin bref, pas de quoi fouetter un chat, à une époque où les films les plus pornographiques déferlent sur les écrans, sans que plus personne n'y trouve à redire.

Pourtant, ce film a fait l'objet d'un black out incompréhensible, parce que les distributeurs se sont offusqués de scènes d'amour «crues», et que beaucoup d'autres ont estimé que «ça ne plaira pas à la clientèle».

Diantre ! A l'époque des pénétrations en gros plan, des gesticulations bruyamment expressives et devenues quasi disciplines olympiques, avec force râles et cris façon joueurs sur un court de tennis (à moins que ce soit l'inverse), ou façon bûcherons dans une hêtraie, qu'est-ce donc qui pouvait être tellement cru dans ce film, par ailleurs plus suggéré que montré ?

Serait-ce ce petit cri spontané, à mi-chemin de la surprise et du désir qui s'éveille, au moment de la pénétration ?
le reflet du (très) jeune homme dans la pupille de l'oeil de la dame qui ne quitte pas son amant des yeux ? cette peau incroyablement blanche, souple, ample et onctueuse comme du beurre, qui s'ouvre pour accueillir celle, ferme et musculeuse du jeune homme, et qui semble se dérouler tout autour de lui pour mieux l'absorber en elle ? ce désir que l'on sent monter et devenir incontrôlable chez les protagonistes dont les yeux chavirent ? ou encore cette forme de complicité un peu incestueuse qui dérange ? Comme lorsque, après l'amour, et alors qu'il est encore en elle, on le voit téter le sein de sa partenaire, mi-homme par le bas, mi-bébé par le dessus ?


Bref, ce petit film (dont j'ai malheureusement oublié le nom), n'a jamais quitté le circuit fermé des petites salles d'essais et d'art expérimental..

Cherchez l'erreur...

14 commentaires:

Anonyme a dit…

C'est vrai, le désir sexuel des seniors est tabou, surtout celui de la femme, comme si la fin de sa capacité à procréer devait signifier la fin de sa vie sexuelle. On mesure donc d’autant mieux que le désir d'une femme mûre pour un homme plus jeune, même si ce désir est partagé, choque les mentalités.

Élisa Naibed a dit…

Mais les temps changent, et les médecins, sexologues, commencent à étudier de plus près cette
sexualité des seniors qui, progrès de la médecine et vieillissement de la population aidant, devient un phénomène de société.

La pilule bleue (le Viagra) entraînera-t’il la même évolution dans les mentalités qu’en son temps, la pilule contraceptive ? on peut l’espérer.. Mais encore faudrait-il que ce changement ne se fasse pas sur le dos des femmes. Aujourd'hui encore, bien des femmes, l’âge venant, culpabilisent à cause de leur désirs qui persistent, tandis que d'autres, encore peu nombreuses, cherchent à s'assumer pleinement comme être sexuel, malgré les préjugés actuels, confortés par le jeunisme et un machisme persistant.

Dans La femme de 50 ans, mémé ou sexy ?, Michèle Thiriet constate l’apparition d’une nouvelle classe de « jeunes quinquagénaires, au mi-temps de leur vie, qui ne se laissent pas ébranler par le choc de la ménopause » et qui pourraient remettre en cause un « conformisme masculin qui évalue trop souvent la valeur féminine aux seuls critères (apparents) de sa "baisabilité", sous-entendant la trilogie beauté-jeunesse-séduction". »

Plus consternant encore, Ingelore Ebberfeld a analysé la litérature scientifique consacrée à la femme âgée, dans son livre Es wäre schön, nicht so allein zu sein. Sexualität von Frauen im Alter ( (Ça serait pas mal d'être moins seule. Sexualité de la femme âgée), et constaté que celle-ci était encore trop souvent évaluée et mesurée dans une optique et un vocabulaire masculins, aboutissant à « une multitude d'inexactitudes et d'incohérences génératrices d'une image fausse de la sexualité de la femme âgée».

Il faudra sans doute vaincre bien plus de préjugés encore pour faire admettre, tant auprès des scientifiques que dans le grand public, et auprès des femmes elles-mêmes que la femme, à tout âge, peut se sentir belle et séduisante, et se percevoir comme « un être de désir ». Et que la ménopause n'altère ni le désir ni le plaisir sexuel.


PS : Merci Sophie pour ton commentaire sur mon blog, et ton mail (auquel je viens de répondre en privé).

Anonyme a dit…

Bonjour,

Je suis infirmière, et je fais des recherches sur la sexualité des personnes âgées. Les recherches sur le sexe et le vieillissement sont encore trop rares, et je suis heureusement surprise de voir aborder le thème ici, avec humour et sérieux.

Il est temps de secouer les mentalités autour de ce qui reste un véritable tabou. Et même dans les hôpitaux et les centres de soins, où les réactions des aides-soignantes, voire des infirmières et des docteurs sont souvent consternantes.

Ainsi, il arrive que de vielles dames se sentent prises en faute et culpabilisent parce qu'elles ont été surprises à se masturber. Alors que c’est l’aide-soignante, pressée ou sans-gêne, qui est entré dans une chambre sans frapper. Certaines font semblant d’ignorer, mais d’autres laissent échapper une grimace de dégoût, voire font la leçon à la dame !

Alors qu’elles sont en tort, et qu’elles n’ont pas à entrer dans les chambres comme si elles étaient dans un moulin. Et encore moins à faire des commentaires, sur le caractère supposé sale ou répréhensible de la sexualité d’une patiente, fut-elle âgée.

Il est temps que l’on comprenne que la sexualité (en général, et la sexualité de la femme plus âgée en particulier), mérite mieux que le mur de silence, de honte et la peur qui l’entoure.

Élisa Naibed a dit…

Un tout tout grand merci à l'infirmière qui nous a laissé ce témoignage révélateur.

Oui, il n'y a aucune raison de blâmer, bien au contraire, une vielle dame qui se masturbe !
De quel droit et au nom de quoi, d'ailleurs ? de sa propre conception étriquée de la sexualité, baignée dans un «moralisme» douteux à base d’intolérance et de stupidité ?

Comme si la masturbation n’était pas une pratique sexuelle tout ce qu’il y a de plus sain et de plus normal ? Alors, au nom de quoi une personne âgée, qui a pu mesurer concrètement ce que signifie la brièveté de l’existence, devrait-elle renoncer à ce petit plaisir qui lui apporte un peu de bonheur, même solitaire ? Un acte qui est bon pour ses artères et améliore sa longévité qui plus est... !

(même en se plaçant de façon bornée sous l'angle restrictif des soins, il faut le dire et le redire: la sexualité est une chose saine, et bonne pour la santé, et ce, à tout âge !!)


Et, plus généralement, au nom de quel droit et surtout, de quelle arrogance crasse et stupide, se permet-on de ne pas respecter l’intimité, la vie affective, et la vie sexuelle de nos aînés ?

Hélas, le genre de comportements inqualifiables et stupides auxquels vous faites allusion sont fréquent !

Dans une communication très intéressante au congrès d'ergothérapie et de médecine physique de la grande Motte, en mai 2000, à propos de la sexualité dans les institutions de soins Yves Gineste nous livre, entre autres, le témoignage suivant :

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« Au moment de se quitter, le vieux colonel demande à me parler. Personnellement. Je reste donc avec lui et sa femme, et c'est alors qu'il me fait sa demande: "Pourriez vous insister auprès de l'équipe pour que l'on rapproche nos lits, nous avons l'habitude de nous endormir en nous tenant la main.."
Je suis un peu étonné de la demande, faite presque timidement, et bien sur, j'approuve immédiatement.
Revenu en salle de formation, je retrouve le groupe qui m'attend devant un bon café-croissant, super fier du bon boulot que l'on a fait.
Je transmets la demande, et là, stupéfaction: "Il n'en est pas question, ils l'ont déjà demandé, on a refusé, vous comprenez il faudra pousser les lits pour le ménage etc, etc..."
Je leur fais remarquer que la charge de travail supplémentaire n'est pas terrible, que les lits sont sur roulettes.
Alors, soudain, une infirmière prend la parole: "ce n'est pas un bordel , ici, c'est un long séjour. Si on rapproche les lits, allez savoir ce qu'ils vont faire. On n'est pas payés pour ça."
Un Aide soignante rajoute: "Je trouve qu'après 70 ans, la sexualité , c'est sale, je ne supporterais pas de savoir que mes parents aient des relations comme ça."

Sans le vouloir, je suis rentré dans un tabou, la sexualité chez les vieux.

Les réactions sont viscérales, en dehors de toute analyse »
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EDIFIANT ! !

Et comme le dit très justement le même Yves Gineste, en parlant des soignants et de la sexualité Les réactions de déni de certains soignants face à la sexualité des aînés a plusieurs sources : elle est moraliste, judéo-chrétienne et liée à l’incapacité qu’ils ont à imaginer une sexualité saine pour les personnes âgées.

[NB : le dossier complet, consacré aux sentiments et à la sexualité du couple âgé
se trouve ici ]

Pour terminer sur une note un peu plus optimiste, j’ai trouvé une belle citation de Denise Badeau, prof de sexologie et auteur de «Santé, sexualité et vieillissement» (Editions du Méridien, 1997).

« Jusqu’à quel âge peut-on faire l’amour ?

Jusqu’à ce que les yeux se ferment pour toujours.»


C’est joliment dit, non ?

Anonyme a dit…

:)rien de tel qu'une situation bien scandaleuse pour retrouver la naibed guerrière, indignée et flamboyante de fr.soc.feminisme.

Anonyme a dit…

et si ils sont heureux comme ca ! seul le regard des autres peut gener.

Anonyme a dit…

bonjour naibed, je suis étudiant infirmier et mon sujet de TFE (travail de fin d'étude) concerne ce sujet sensible qui est les soignants face à la séxualité des personnes âgées et j'aimerai savoir si je pouvais avoir l'article parlant de ce sujet que vous avez mis en lien avec agevilladepro.com car seul les abonnés peuvent y accéder. vous remerciant d'abord de ce que vous pourrez faire pour moi, je vous donne mon e-mail(= mon adresse MSN) pour de plus amples informations (chris.yo@hotmail.fr).
pour finir, votre réflexion est très profonde et très intéressante. Au plaisir de vous recontacter.

Anonyme a dit…

Merci de visiter le soleil de minuit. J'ajoute votre blog à mon blogroll et vous rendrai visite encore. J'apprécie la perspective française.

Élisa Naibed a dit…

J'ai bien aimé "le Soleil de minuit" pour "The Midnight Sun" sur lequel j'ai eu le plaisir de poster un commentaire .

Vous ne pouviez mieux tomber ! "Le soleil de minuit" est une oeuvre de 1930 de Pierre Benoit, qui fut membre de l'Académie Française. Vous pouvez le voir ici (descendre jusqu'à '1930'). La photo ci-après le montre se reposant après l'écriture de ce livre, en discutant avec une Quercinoise à Saint-Céré.
Voilà donc une belle référence française pour votre blog ! :)
( photographie extraite du journal "L'ILLUSTRATION", N°4554 du 14 juin 1930, collection particulière) )

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Bienvenue donc sur mon blog également (je remarque que vous commencez par un sujet plutôt ..."hot" : la sexualité entre une femme et un homme - beaucoup - plus jeune ! ;) ).

Petit détail, en passant : je ne suis pas française, mais belge (je suis même assez critique à l'égard de la France, que j'appelle souvent, par dérision : la petite patrie autoproclamée des droits de l'homme).

Ma perspective est donc plutôt belge francophone. Mais nous avons -semble t'il - énormément de points communs !

See you later, Alligator !

Anonyme a dit…

Cher Naibed. J'espère que vous excuserez mon français pas aussi bon. Merci pour le lien intéressant. Oui nous avons beaucoup en commun. Et j'attends avec intérêt de lire vos autres poteaux.

Anonyme a dit…

halala , meme sans la petite pilulle bleue, je connait des sexa qui sont encore dans la force de l'age ! on vieillit de mieux en mieux alors profitons en plus longtemps !

Anonyme a dit…

De plus en plus de femmes "mûres" s'affranchissent des tabous et recherchent le plaisir pour le plaisir même en s'aidant de jouets sensuels.

Élisa Naibed a dit…

Sans doute. Pas que chez les femmes mûres, d'ailleurs, même si on voit – assez logiquement – débarquer dans cette catégorie les premières décomplexées de la "révolution sexuelle".

...Sauf moi !

A titre personnel, et bien que j'aie amplement - et plus qu'une autre, me semble-t'il - mérité mon titre de femme libérée, je ne me suis jamais « masturbée » au sens que l'on donne habituellement à ce terme, à savoir : celui qui confond masturbation avec plaisir solitaire (1)

Je suis pourtant experte dans l'art de me servir de mon petit doigt qui – contrairement à vos gadgets coûteux et inutiles – fonctionne toujours à la perfection (et sans besoin de piles). Même si je ne conçois l'aide subtile et appropriée qu'il me procure que comme un moyen de synchronisation de mon désir avec celui de mes amants (comme, par exemple, au moment où je sens leur éjaculation proche).

Je ne serais donc pas cliente du site « Max Sex Shop » qui vous signalez (je suppose : sans arrière-pensées mercantiles ?) sous votre signature.

(1) sans vouloir aucunement jeter l'opprobre sur une consommation - raisonnable - de la masturbation solitaire, ni accabler celles qui doivent se contenter de palliatifs à une virile présence masculine, et qui aimeraient des relations interpersonnelles plus riches que la seule présence de leur petit doigt, ou d'un quelconque simulacre de pénis robotisé.

sexshop a dit…

tres bon merci